Changement de perspective
- Les symptômes des traumatismes sont des réponses adaptatives à ces même traumatismes
- Les symptômes des traumatisme sont des tentatives d’une personne de faire face à son expérience — iIs sont signes de résilience et non de pathologie
- Le stress traumatique est une réaction normale à une situation anormale
Une perspective tenant compte des traumatismes considère les symptômes et les comportements découlant de traumatismes comme autant de tentatives de la personne de faire face à son expérience et de la dépasser. Cette compréhension aide les membres du corps médical à identifier correctement les personnes qui se présentent de cette manière. Le stress traumatique est une réaction normale à une situation anormale.
Une approche fondée sur les forces d’une personne
Une approche fondée sur les forces met l’accent sur ce qui fonctionne bien plutôt que sur les déficits et les déficiences. Une telle approche peut:
- Établir des relations de soin collaboratives
- Aider à identifier ce qui fonctionne
- Prévenir la retraumatisation
Une approche fondée sur les forces se concentre sur ce qui fonctionne bien, plutôt que sur les déficits et les déficiences. Elle peut:
- Établir des relations de soin collaboratives
- Aider, sans porter de jugement, à identifier ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné dans les tentatives d’une personne de gérer les conséquences de son traumatisme
- Prévenir la retraumatisation en ne définissant pas les réactions au stress traumatique comme pathologiques ou comme des symptômes de pathologies
Principes fondamentaux
Trois principes sont essentiels à l’élaboration d’une perspective fondée sur les forces:
- Sensibilisation aux traumatismes
- Reconnaissance que les pratiques de santé peuvent être traumatisantes
- Établissement d’un environnement de soin sûr pour aider à prévenir la retraumatisation
Les STCT constituent une approche fondée sur les forces d’une personne et qui reconnaît la résilience et la créativité que celle-ci apporte à son traitement.
Plutôt que de considérer les membres du corps médical comme des experts, les STCT invitent à une relation de collaboration dans laquelle les personnes soignées sont engagées dans leur plan de traitement. Une approche sans jugement aide à prévenir la retraumatisation en se concentrant sur les forces de la personne plutôt que sur les étiquettes diagnostiques et les pathologies.
Trois principes fondamentaux permettent de développer cette perspective:
- Sensibilisation aux traumatismes
- Reconnaissance que les pratiques de santé peuvent être traumatisantes, et
- Établissement d’un environnement de soins sûr pour aider à prévenir la retraumatisation
Examinons chacun de ces principes en détail.
Principe fondamental 1: Sensibilisation aux traumatismes
- Les traumatismes sont universels
- Anticiper la possibilité qu’une personne vive avec des antécédents traumatiques
- Être sensible aux répercussions des traumatismes
- Explorer en collaboration la meilleure façon de voir ou de définir une expérience (ex.: blessée, lésée ou symptomatique plutôt que malade, etc.)
- Assurer la sécurité, la fiabilité, le choix, la collaboration et la responsabilisation
(Harris et Fallot, 2001)
Comprendre les conséquences des traumatismes et leurs rôles sur la santé d’une personne aide le personnel médical à personnaliser les stratégies d’intervention dès le début d’une relation de soin.
Lors de chaque interaction avec une personne, le personnel de la santé est encouragé à anticiper et à surveiller la possibilité d’antécédents traumatiques. Le passé traumatique d’une personne peut être activé par des expériences qu’elle vit ici et maintenant. Le personnel de la santé doit être conscient des pratiques qui risquent le plus de déclencher ces réactions et doivent s’efforcer d’en atténuer les effets.
Principe fondamental 2: Atténuation du risque de retraumatisation
Des pratiques communes et répandues de soins de santé peuvent activer les souvenirs de traumatismes passés. Celles-ci peuvent même retraumatiser une personne si elles ne sont pas effectuées avec tact.
Voici quelques exemples:
- Procédures de diagnostic
- Procédures qui exigent de rester allongé
- Soins personnels
- Examens des seins, du pelvis et du rectum
Les membres du corps médical sensibilisés aux répercussions des traumatismes savent que certains traitements et procédures de routine peuvent déclencher des réactions chez des personnes qui ont des antécédents traumatiques. Par exemple, ces dernières peuvent exprimer un sentiment d’impuissance ou se sentir piégés s’ils ne participent pas activement aux décisions relatives au traitement.
Si les processus de traitement, le personnel médical ou un comportement spécifique évoquent les expériences passées d’une personne avec des antécédents traumatiques, celle-ci peut exprimer sa détresse ou réagir de la même manière qu’elle l’a fait lors du traumatisme initial.
Voici quelques expériences courantes, en matière de soins de santé, qui peuvent déclencher des réactions chez les personnes ayant vécu des expériences traumatiques:
- Les procédures de diagnostic qui exigent le port d’une jaquette d’hôpital
- Les procédures qui exigent de rester allongé pendant qu’une personne l’ausculte avec des outils ou appareils
- Les hôpitaux et établissements de soins de longue durée
- Les examens de parties intimes (ex.: seins, pelvis, rectum. etc.)
La sensibilisation aux traumatismes est une stratégie essentielle pour prévenir la retraumatisation.
- Se renseigner sur de potentielles difficultés antérieures lors d’une procédure ou d’un traitement similaire
- Expliquer et démontrer la procédure étape par étape
- Demander comment réduire la détresse et le risque de déclencher une réaction
- Proposer des alternatives ou des choix, si possible
- Demander la permission à chaque étape d’une procédure
- Vérifier fréquemment l’état de la personne soignée
- Normaliser les réactions involontaires
Tout peut constituer un élément déclencheur pour une personne ayant des antécédents traumatiques. Il est impossible d’anticiper tous les déclencheurs possibles, car chaque expérience est unique. Cependant, certaines pratiques de santé comportent un risque de retraumatisation accru.
Principe fondamental 3: Établissement d’un environnement sûr
Les éléments clés permettant d’établir un environnement sûr sont les suivants:
- Constance dans les interactions tout au long des processus de traitement
- Suivi régulier de ce qui a été convenu
- Communication honnête et compatissante
Les STCT sont axés sur la sécurité. Ils prennent en compte les éléments suivants:
- Un environnement physiquement sûr
- La sécurité des membres du personnel, de la patientèle et des biens
- Les politiques et les procédures
- Un protocole de gestion des urgences et planification des catastrophes
- Le respect des droits de la patientèle
Assurer la sécurité n’implique pas de tout avoir bon du premier coup. Il s’agit plutôt de gérer de manière claire et transparente les situations dans lesquelles une personne soignée se sent en position de vulnérabilité. Une communication honnête et compatissante génère un sentiment de sécurité.
Favoriser le sentiment de sécurité chez les personnes ayant des antécédents traumatiques
- Respect
- Rapport
- Prendre son temps
- Partager l’information
- Partager le contrôle
- Respecter les limites
- Comprendre la guérison non linéaire
- Favoriser l’apprentissage mutuel
- Démontrer une compréhension de la violence interpersonnelle
(Harris et Fallot, 2001)
Ces neuf principes contribuent à créer un sentiment de sécurité chez une personne ayant subi un traumatisme.
- Respect: Les actions du personnel médical doivent être empreintes de respect. Cela implique de reconnaître l’individualité d’une personne et d’en tenir compte.
- Rapport: Pour établir un rapport avec une personne, il faut la mettre à l’aise.
- Prendre le temps: Prendre un moment pour être présent et écouter avec empathie peut être tout ce qui est nécessaire pour qu’une personne se sente en sécurité.
- Partager l’information: Communiquer clairement avec une personne sur ce à quoi elle doit s’attendre à tout moment.
- Partager le contrôle: Dans la mesure du possible, faire participer l’individu soigné à la prise de décisions. Une relation collaborative dans laquelle les deux parties ont un rôle important à jouer permettra à la personne soignée de se sentir plus autonome dans son traitement.
- Respecter les limites: Les victimes de traumatismes interpersonnels ont vu leurs limites personnelles violées. Les soins de santé impliquent inévitablement de se heurter à ces mêmes limites. Le fait de demander la permission et d’expliquer la nécessité d’une intervention (ex.: toucher, questions personnelles, etc.) atténue, voire élimine, les malaises potentiels.
- Comprendre la guérison non linéaire: Il est important de reconnaître que la capacité d’une personne à s’engager dans un processus de soin peut varier d’une visite à l’autre. Ce qui peut être toléré lors d’un rendez-vous peut s’avérer trop difficile lors du suivant.
- Favoriser l’apprentissage mutuel: Comme de nombreuses personnes ayant survécu à des traumatismes n’ont pas connu le sentiment de sécurité dans leur enfance, il se peut qu’ils ne se familiarisent avec ce sentiment qu’à l’âge adulte. Par conséquent, ces personnes peuvent avoir besoin d’être encouragées à devenir des participantes actives et à part entière à leurs propres soins de santé.
- Démontrer une compréhension de la violence interpersonnelle: Il est rassurant pour un individu ayant des antécédents traumatiques de savoir que la personne en charge de son traitement comprend les répercussions des traumatismes interpersonnels. Cela peut se traduire par la présence de brochures sur le sujet dans la salle d’attente, par la volonté de poser des questions sur les traumatismes et par un dialogue qui tienne compte de ceux-ci.