Diversité, fierté et portrait des médecins dans les services de santé, intégrité de l'hôpital et travail d'équipe ou leadership

Introduction

Que se passerait-il si cinq employés sur cinq quittaient l’organisme de soins de santé ? Et que se passerait-il si deux employés sur cinq quittaient complètement la profession ? 

Dans notre étude nationale sur la santé mentale des fournisseurs de soins de santé (FSS) canadiens pendant la pandémie de COVID-19, ~300 répondants à l’enquête ont rapporté exactement cela ! Les données recueillies auprès des FSS pendant la pandémie ont révélé qu’environ trois FSS sur cinq sont susceptibles de quitter leur organisation à plus de 50 % et qu’environ deux FSS sur cinq sont susceptibles de quitter leur profession à plus de 50 %. En outre, deux FSS sur trois ont estimé qu’ils n’avaient pas accès à une couverture complémentaire adéquate en matière de santé mentale.

Cette histoire ne s’arrête pas là…

UN APPEL À L’ACTION : Les recommandations suivantes ont été élaborées à l’intention des organismes de soins de santé afin de favoriser un changement positif dans le secteur de la santé. En proposant des stratégies de mise en œuvre basées sur nos recherches, nous fournissons des étapes pratiques pour aborder la santé mentale des employés et améliorer la culture du lieu de travail.

epuis février 2021, l’unité de recherche sur les traumatismes et le rétablissement de l’Université McMaster a recueilli des données d’enquête et d’entretien auprès de FSS de l’ensemble du Canada. Un éventail de FSS fournissant des soins directs et indirects ont participé jusqu’à présent, y compris des inhalothérapeutes, des infirmières, des médecins, des travailleurs de soutien personnel, des ergothérapeutes et plus encore. La collecte de données se poursuit et révèle une myriade de difficultés psychologiques et de défis professionnels qui se sont accumulés au fil des années dans le secteur de la santé.

Dans le monde entier, les FSS font partie des segments les plus importants du marché du travail. Les recherches sur l’importance des trois principales conditions d’un système de santé sain – qualité des soins, bien-être des travailleurs, organisation des soins de santé – révèlent qu’il est préférable de se concentrer sur les soins prodigués aux FSS afin d’obtenir des performances optimales du système de santé. Les effets en cascade de la prise en charge et de la responsabilité du bien-être des FSS au sein des organisations auront un impact sur une série de résultats, notamment la qualité des soins, le recrutement et la fidélisation des employés, l’efficacité des ressources et la performance globale. En outre, il semble que les FSS plus jeunes soient plus exposés au risque d’épuisement professionnel et de maladie mentale que les FSS plus âgés. Il est particulièrement préoccupant de constater que les cohortes expérimentées prennent une retraite anticipée ou quittent l’organisation alors que les cohortes plus jeunes sont plus vulnérables et plus exposées à des résultats négatifs, ce qui augmente leur probabilité de quitter la profession. Notre système de santé est en péril. 

Nos recherches démontrent que les FSS ne disposent pas actuellement de ce dont ils ont besoin pour se sentir soutenus d’une manière qui leur permette de s’occuper correctement de leurs patients ou d’eux-mêmes. Les FSS ont décrit des conditions de travail négatives, telles qu’un manque de ressources, de personnel, d’autonomie et de soutien en matière de santé mentale, qui ont conduit à une mauvaise santé mentale et, en fin de compte, à une diminution de la qualité perçue des soins prodigués aux patients. Les FSS qui estimaient que leur organisation ne valorisait PAS leur contribution ou ne se souciait pas de leur bien-être présentaient également des symptômes significativement plus élevés de stress post-traumatique, de dissociation, d’épuisement professionnel, de dépression, d’anxiété, de stress, de préjudice moral et de déficience fonctionnelle. De même, nos analyses préliminaires suggèrent qu’un soutien organisationnel perçu et une spiritualité/religiosité plus élevés étaient significativement associés à des symptômes de préjudice moral déclarés inférieurs, même après prise en compte de l’adversité dans l’enfance et du diagnostic de santé mentale. Le soutien organisationnel perçu n’a pas seulement un impact sur la santé mentale des FSS, mais aussi sur leur relation avec leur organisation et/ou leur profession. Par exemple, les FSS ont décrit que les pressions persistantes exercées par leur organisation pour qu’elle donne la priorité au travail plutôt qu’à la famille ont conduit de nombreux FSS à envisager de quitter leur organisation et, parfois, leur profession. Les organisations doivent assumer la responsabilité de la santé et du bien-être psychologique de leurs employés, compte tenu des divers obstacles liés au travail (par exemple, l’augmentation des heures de travail/de la charge de travail, l’insuffisance du financement de la santé mentale, etc.) qui entravent la capacité et l’aptitude des FSS à rechercher des stratégies d’adaptation individuelles pour faire face au stress professionnel Sans une telle action, la fidélisation du personnel restera à risque.

Les recommandations suivantes sont fondées sur les résultats d’entretiens menés auprès de 123 FSS canadiens, sur environ 300 questionnaires remplis et sur une analyse documentaire approfondie. Nos recommandations peuvent être regroupées sous quatre grands thèmes : le leadership, les soutiens organisationnels formels, la communication et l’équipe. 

Le thème du leadership englobe les rôles de tous les niveaux de direction, y compris toute personne qui supervise d’autres employés. Les FSS ont indiqué qu’elles ne se sentaient pas suffisamment soutenues et reconnues par leur direction pour le travail qu’elles accomplissent. 

Le thème du soutien organisationnel formel concerne la prise de décision à un niveau plus élevé sur des sujets tels que les avantages, la dotation en personnel, les politiques et les procédures. Les FSS ont décrit l’inefficacité de la communication des ressources en santé mentale et de la disponibilité des services pour soutenir la santé mentale sur le lieu de travail. 

Le thème de la communication fait référence aux processus par lesquels les changements de politiques et de procédures sont communiqués au personnel, ainsi qu’à la manière dont le personnel fait part de ses commentaires sur ces politiques et procédures. Les FSS ont indiqué que les méthodes de communication actuelles sont inefficaces, peu claires et incohérentes. 

Le thème de l’équipe aborde la collaboration du personnel de première ligne sur les tâches quotidiennes, l’interaction avec les patients et leurs familles, et le soutien social mutuel. Le soutien social et les encouragements reçus de la part des collègues pendant la pandémie de COVID-19 ont été décrits comme des éléments positifs de l’environnement de travail où l’organisation peut jouer un rôle en permettant le développement d’équipes fortes.

Un lieu de travail favorable où les employés se sentent valorisés et équipés pour remplir leurs fonctions doit être mis en place à tous les niveaux de l’organisation. Les thèmes et les recommandations abordés dans le présent document sont interdépendants et nécessitent une action cohérente pour favoriser un environnement de travail globalement positif, qui offre la possibilité d’accroître le bien-être des employés et, par conséquent, d’optimiser les performances du système de santé. Chaque recommandation est accompagnée d’une liste de stratégies suggérées pour sa mise en œuvre. Chaque organisation devra déterminer quelles sont les stratégies les plus appropriées pour relever les défis uniques qui se posent sur son lieu de travail. Il n’existe pas d’approche unique. Même si certaines de ces stratégies existent déjà dans une organisation, il peut s’avérer nécessaire d’adapter les pratiques actuelles pour répondre aux besoins spécifiques des salariés.