La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) pour la fusion et la défusion

La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) promeut des changements mentaux et comportementaux avec pour but d’augmenter la flexibilité psychologique d’une personne.1 

Lorsque nous nous figeons ou sommes inflexibles dans nos pensées, nous pouvons perdre de vue nos valeurs. 

L’ACT utilise les termes fusion et défusion pour décrire notre rapport avec nos pensées.1 Examinons ces termes de plus près. 

Lorsque l’on ressent une souffrance, il est commun d’internaliser — de fusionner avec — des pensées nuisibles:

  • Votre inconscient bâtit des récits nuisibles autour de ces nouvelles pensées
  • Ces pensées suscitent des émotions négatives
  • Tout ça vous persuade de vous comporter d’une manière qui va à l’encontre de vos valeurs (par exemple, décider d’ignorer votre amie qui ne répond pas à votre texto avant de connaître son côté de l’histoire)

La fusion se produit lorsque vous acceptez comme véridiques les récits nuisibles créés par votre inconscient, et ce si fortement que vous ne prenez même pas en compte la possibilité d’une autre réalité (par exemple, votre amie a peut-être laissé son téléphone dans son casier au début de son quart de travail et n’a tout simplement pas encore vu votre message).

L’approche de l’ACT propose la défusion comme stratégie à adopter face à la fusion. 

La défusion est l’acte de prendre du recul par rapport à vos pensées et jugements afin d’en révéler la vraie nature. Les techniques de défusion visent à changer votre rapport avec vos pensées plutôt que d’essayer de les éliminer.

La défusion n’est rien d’autre qu’une construction de votre esprit. Pour la pratiquer, vous pourriez:

  • Prêter attention à vos pensées avec curiosité, ouverture et flexibilité (par exemple, «Qu’est-ce que je me raconte à propos de mon amie qui ne répond pas?»)
  • Apprendre à déterminer la teneur de vos pensées sans les éviter ou s’y accrocher (par exemple, «J’ai l’impression de me dire qu’elle fait toujours ça, et qu’elle est égoïste et irréfléchie»)
  • Donnez-vous les moyens de reconnaître les moments où vos pensées sont utiles (par exemple, «Il est utile de me rappeler qu’elle est l’une de mes meilleures amies et qu’elle a été présente pour moi pendant plusieurs moments difficiles»)

Voici comment Rumi, le poète perse du 13e siècle, décrivait la défusion de ses propres pensées [traduction libre]:

La maison d’hôtes, par Rumi3

Cet être humain est une maison d’hôtes.
Chaque matin, une nouvelle arrivée. 

Une joie, une déprime, une méchanceté,
un moment de pleine conscience qui arrive
comme un visiteur inattendu. 

Accueillez-les tous!
Même s’ils sont une foule de chagrins,
qui balaient violemment votre maison,
la vident de ses meubles.
Traitez quand même chaque invité honorablement.
Il est peut-être en train de vous débarrasser
pour de nouvelles joies.

Les pensées sombres, la honte, la malice.
Rencontrez-les au pas de la porte en riant et invitez-les à entrer. 

Faites preuve de reconnaissance pour tout ce qui vient,
car chacun a été envoyé
comme un guide venu d’ailleurs.

Image de Chyah, CC0, via Wikimedia Commons