Reprenons notre étude du cas de Robin pour expliquer comment fonctionne le pardon.
Réfléchir consciemment à son identité est essentiel dans le processus de guérison: cela vous aidera à définir qui vous êtes au-delà de vos circonstances.
Établir votre identité en tant que personne
L’identité peut se forger à partir de caractéristiques et de facteurs tels que le sexe, la famille, la culture, le contexte religieux ou l’affiliation politique, entre autres.
Robin a entretenu toute sa vie des liens solides avec sa famille et ses amis. Elle a grandi dans une communauté sécuritaire et n’avait jamais vu, ni subi, de violence avant son agression.
Elle a réalisé que son agression avait affecté son identité de la façon suivante:
- Sa vision d’un monde basé sur la confiance et la sécurité a pris fin
- Elle s’est sentie étiquetée comme victime
- Elle a craint que l’agression se reproduise
Examiner et se remémorer l’incident
Si d’éviter les conflits peut être initialement rassurant, examiner la transgression est un pas important vers une résolution. Il peut être accablant de se remémorer des événements passés — rappelez-vous gentiment que c’est normal. Et vous n’avez pas nécessairement à procéder à cet examen en solo; un soutien peut être utile au processus.
Son agression a mis Robin en colère contre son patient. Mais en réfléchissant davantage, elle a aussi réalisé qu’elle éprouvait de l’amertume envers ses collègues, qui n’ont pas fait preuve de beaucoup de compréhension. Ses ecchymoses n’étaient pas les seules blessures qu’elle avait subies: elle vivait également un traumatisme émotionnel.
Empathie et compassion après l’incident
Il est commun de définir la personne responsable d’une blessure par sa transgression. Cette étape du pardon invite plutôt à la considérer avec empathie et compassion. Si vous avez du mal avec cette étape, cela signifie peut-être que vous devez d’abord vous offrir à vous-même davantage de compassion.
Robin a fini par apprendre que le patient venait d’obtenir un diagnostic sérieux. Elle a donc fait preuve de davantage d’empathie à son égard, pouvant maintenant comprendre un peu mieux son animosité.
Changement de perspective
Essayez de voir la situation d’un autre point de vue. Cela ne signifie pas d’excuser le comportement d’une personne ayant commis une transgression, mais d’aller chercher davantage de contexte pour expliquer une situation. S’il est impossible de recadrer la transgression, il est quand même possible de dépasser les sentiments négatifs liés à l’incident.
Robin s’est mis dans les souliers du patient au moment où il a appris son diagnostic. Cela l’a aidée à reconnaître la détresse qu’il a dû vivre. Sans minimiser ou excuser l’agression et ses répercussions, Robin a pu se libérer d’une partie de sa colère.
Faire un choix
Pardonner est un choix.
Le pardon ne consiste pas à attendre que l’autre personne s’excuse en premier. Le pardon est un acte de compassion offert à la personne ayant commis une offense — c’est quelque chose que l’on donne.
Être victime d’une transgression peut donner un sentiment d’impuissance. À l’opposé, le pardon permet de redécouvrir et de réclamer son pouvoir.
Robin a fait le choix de ne pas se définir par la transgression qu’elle a subie. Elle a pardonné et progressé.
Lâcher prise
Lâcher prise ne se fait pas en un claquement de doigts et ne signifie pas que vous ne penserez plus jamais à la transgression. Lâcher prise, c’est choisir de répondre en offrant compassion et pardon lorsque ces souvenirs difficiles refont surface.
Dépendamment de la transgression, lâcher prise peut être très difficile. Dans certains cas, une judiciarisation (par exemple, un procès ou une compensation financière) peut être nécessaire pour lâcher prise.4
En lâchant prise, Robin a fait un choix qui lui a permis de pardonner au patient et de se libérer de sa colère. Grâce à du soutien formel et informel, Robin a cessé de se sentir seule et comme une victime.